13.9.08

D Day


Chez mes parents, en Normandie, il y a deux chiens. Eh bien tous les jours, ils montent en haut de la colline et ils courent. Ils courent tellement, ils finissent par s'effondrer sur le sol frais d'un bunker. C'est typique par ici. D'un côté de la colline, on voit la mer. De l'autre, une ville de bunkers.

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Des bunkers, et des chassis de canons, des tourelles, des échelles. Je regarde l'horizon et je m'imagine ces pauvres types qui étaient aux premières loges pour observer le combat.
Impuissants, en plus, puisqu'ils avaient bloqué leurs canons vers l'embouchure du Havre. Ils ne pouvaient que regarder du côté opposé, vers Ouistreham, où les bateaux s'approchaient.

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Un jour, l'homme qui s'occupe du site m'a dit que le plus incroyable se trouvait sous nos pas. Il a ouvert une lourde porte en fer, et m'a montré toute une ville sous-terraine. Il y a même un hôpital.

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Et au milieu, une avenue principale : un tunnel avec des rails. Tout un dispositif installé pendant la guerre. Le train était très utile pour acheminer les marchandises, ça monte dru par ici. Jusqu'au jour où le chargement de munitions a explosé. Le train n'a plus jamais resservi. L'homme me raconte qu'il a déjà rencontré un des américains qui avait bombardé l'endroit. Il avait aussi voulu voir le tunnel. Quelle stupeur de s'apercevoir 50 ans après qu'il avait risqué sa vie pour des canons inutilisables...

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En 1944, mon Grand-père débarquait plus loin à l'horizon. Aujourd'hui, ils sont nombreux, de ceux qui en étaient, à revenir sur les lieux. On les reconnait à leur visage, à leur accent, à leur âge... Je me demande ce qu'ils reviennent chercher. Parfois, mon père me dit : "A ton âge, ton grand-père débarquait, il voyait tous ses copains se faire descendre. Relativise."